Citoyen au rapport !

Nous avions déjà les audits et maintenant pleuvent les rapports. Visio-conférence au sommet du pouvoir. Allons-y. Le test grandeur nature. Qui est prêt à se soumettre ? Sur qui l’ère autoritaire peut-elle compter ?

Nous ne sommes pas tous dans le même panier et nous aurons à travailler pour que des salariés précaires ou des salariés légalement soumis à la loi d’un patron du type si t’es pas content dégage le soient moins.

Question pénible au demeurant : à qui je dois l’argent qui arrive quoi qu’il arrive ?
Au peuple.
À qui je dois des comptes ?
Au peuple.

Qui peut se mettre en grève générale ?
Le peuple non soumis à la loi d’un patron du type si t’es pas content dégage.

C’est un progrès non négligeable depuis l’artisanat furieux. Le pouvoir autoritaire affaibli se retrouve comme une asperge sèche devant les salariés chez eux, dans une situation inédite : payés, sans plus aucun lien hiérarchique avec celle ou celui qui tient la répartition d’une partie de notre richesse nationale. Les plus pénibles encore, ces salauds de fonctionnaires et ces salauds de syndicats, saisissent leur chance. Cela doit durer tant que ça peut tenir. Oui, l’économie est bloquée et cette fois-ci : la faute à qui ?

Alors, il faudrait nous remettre dans le rang. La hiérarchie déstabilisée veille malgré tout. Ça commence par « j’espère que vous allez bien », puis « ne vous considérez pas en vacances », puis « visio-réunion à 10h30 », puis « au rapport ! ». Ils sont inquiets. Qu’ont-ils fait pendant ces longues semaines ? Quand est-ce que je pourrai à nouveau leur signifier qui est le patron en face à face dans mon bureau avec les avis favorables et les avis non favorables ? Le chef de service bien formé au rapport mais qui jusqu’à présent l’envoyait vers le haut tente le tout pour le tout. « Au rapport ! ». Vers le bas. Les moutons bien gardés, heureux de se faire fouetter, seront sans doute tous là. « J’ai fait ça et ça et ça et ça et ça et ça, plus du visio-zèle auquel tu ne t’attends pas. »

Félicitations, agent mouton. Vous aurez une promotion.

Devant le vide dû à leur fonction, les chefs de service espèrent que nous allons nous sacrifier. Que nous allons de nous-mêmes mettre fin à cette situation. Ils espèrent que nous aurons ce sens du devoir sur lequel ils travaillent depuis que la hiérarchie autoritaire cherche par tous les moyens à maintenir les révolutionnaires dans la case des gens pénibles qui ne font que râler.

Pourtant, ça a toujours été comme ça, et notre discours n’a pas changé : Qui c’est qui bosse, en vrai ? Qui c’est qui remplit consciemment la caisse avec ses impôts et ses taxes ? Qui c’est qui peut formuler des exigences à celles et ceux qui sont placés là-haut pour nous administrer ?

Le peuple encore.
Oui, celui qui est non soumis à la loi, etc.

Nous sommes en arrêt et nous comptons les morts. La fameuse « guerre » a été déclarée unilatéralement et aujourd’hui le maquis est immense, sur tout le territoire. Les résistants à l’œuvre avec personne dans un rayon d’un kilomètre pour leur tirer une balle dans la tête. C’est une chance inespérée. Nous la devons, d’ailleurs, aux exigences que nous n’avons jamais lâchées.

Tant que la loi ne change pas, nous avons ce pouvoir.

Alors, le voici mon rapport : « tout va bien, merci ».

Share