[AF] – Une fête s’organise quelque part

Le transgressif est une petite ligne de démarcation que l’on s’offre, où quelques mots échangés suffisent, imaginant qu’un lien se forme à ce moment-là, préféré à ce qui relèverait du calcul, d’une soumission que l’on imposerait à un être qu’avant tout nous aimons. La pensée est différente, sans calcul, car il s’agit de se laisser conduire, d’abord dans un cadre prédéfini, puis il y a toujours cet après, où la sensibilité n’a plus rien de prévu, à part, peut-être, une vague idée de ce que pourrait être une fin. De toute façon, il y en aura une, aujourd’hui, comme les autres fois, dictée parfois par des éléments simples de la vie quotidienne. Il suffirait d’un rendez-vous, de n’avoir plus le temps, ou que les chemins se séparent, de fait, parce que la destination est atteinte. Cependant, il s’est créé un évènement particulier, unique. Nous serions si peu à pouvoir l’évoquer qu’il faudrait à nouveau se réunir, et provoquer le souvenir de ces quelques minutes. Après tout, ce n’était pas grand chose sur l’échelle de toutes les vies, et pourtant, une loi s’est établie, dans l’oralité. C’est elle qui mobilise une pulsion particulière, d’avoir envie de la faire durer, comme un bilan de journée, mais nous sommes si peu attachés à la véridiction qu’il ne sera pas utile de chercher dans l’entourage ce qui pourrait avoir mené à de telles conclusions. Un souvenir très ancien pourrait l’avoir déclenché. Un désir, aussi. Ce qui compte, c’est qu’il continue d’exister sous cette forme, qu’en soi, nous n’ayons pas envie de nous en dessaisir. C’était si beau. C’est là la sève d’un roman tout entier. Tout ce qui se construit en amont. Tout ce que cela aura comme conséquences des jours durant. Pour une seule phrase à laquelle aura répondu un regard.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share

Nouvelles rochoises

En exclusivité pour le public du WEB seront publiées au fur et à mesure où elles seront finalisées, avant de se retrouver, un jour, réunies en un seul et même livre, les Nouvelles rochoises.

La première s’intitule Chiquito. Elle est publiée en trois épisodes. Comme pour tous les textes que vous trouverez ici, il vous suffit de cliquer sur « suivant » pour avoir la suite.

Vous trouverez également, sur la page d’accueil des nouvelles, un format ePub si vous souhaitez télécharger le texte sur votre liseuse, votre tablette ou votre téléphone portable.

N’hésitez pas à vous inscrire sur la liste de diffusion si vous souhaitez recevoir toutes ces bonnes nouvelles par mail.

Bonne lecture !

Share

[#GRP] – Ma foi est mon poème

Le 18 août 2012

Ma chère amie,

Le roman épistolaire pourrait révéler le lien que nous établissons avec nos figures d’autorité. Il serait un peu simple de n’y voir qu’un diptyque constitué d’une mère et d’un père, car ces figures sont bien plus complexes, et bien souvent, elles ne s’appliquent qu’à nous-mêmes, c’est-à-dire, que nous sommes les seules à les concevoir en tant que tel. Je ne sais pas. Je ne devrais peut-être pas m’entêter sur ce seul roman à voix d’homme, mais je t’avoue qu’il me perturbe beaucoup, à cause de ce qui, pour le moment, le rend unique à mes yeux, alors je profite d’être encore dans cette phase de découverte pour y puiser ce qui, peut-être, me servira plus tard, soit à mieux en parler, soit à définitivement l’écarter. Vois comme j’envisage également de presque clore le sujet. Dans les méandres de moi-même. Un acte de séparation, en cours d’achèvement. Une intrigue qu’on ne se serait jamais autorisé à penser avant de la voir signifiée sous cette forme, car l’adresse est toujours là, poétique. On l’imagine fictive parce qu’elle va se déployer dans un roman, mais elle n’y reste pas, elle en sort en permanence, toujours active, et c’est ainsi qu’elle me paraît, voulant toujours se faire agissante alors que l’auteure n’est plus de ce monde entourant, du moins, tel que nous le concevons avec nos repères matérialistes. J’ai bien des choses à te dire. Alors, je les écoute, car à ce moment précieux, je suis le seul destinataire, je suis le seul à percevoir ou plutôt, je me suis isolé pour mieux en recevoir les effets, comme ce trouble permanent, cette inquiétude, ces figures qui se mêlent pour avouer, pour juger. L’amour et la violence en même temps. Aujourd’hui, le constat de tout ce que cela a produit. Parce qu’il était impossible, au moment où nous nous laissions porter par la pulsation de la vie, seul moyen, déjà, de nous extraire d’un milieu qui peut-être nous aurait empêchés de développer notre individualité. Alors, nous avions conçu une manière d’être, comme un espoir de se voir renaître à nouveau, pour recommencer, pour tout tenter avec de nouvelles données, avec, toujours, notre besoin de ne pas tout abandonner, sans trop avoir conscience de ce que nous allions conserver, y compris donc, la violence que nous avions subie, et que nous allions reproduire, d’abord sous une autre forme, croyions-nous, puis, s’illustrant parfaitement telle que nous pensions l’avoir évitée. Ce n’est pas vraiment un remords. C’est juste ce temps-là qui se présente maintenant. Nous avions besoin d’un premier acte et le voici accompli. À présent, nous nous analysons dans un tout autre domaine, nous nous voyons, au plus proche de ce que nous aimons, laisser s’exprimer en nous ce que nous avions rejeté, et nous voilà nous adressant à la mauvaise personne, peut-être, désignant à notre insu le récepteur d’une agressivité, à cause de cette nécessité d’accuser et d’avoir en vis à vis un coupable autre que nous-mêmes.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share

[AF] – Tout se serait passé différemment si nous en avions parlé en amont

Une fin de la réunion, ce n’est pas très compliqué, parce c’est toujours un peu pareil. Tout le monde est fatigué. Il y en a trois ou quatre qui sont partis parce qu’ils avaient soi-disant un rendez-vous. Les sujets les plus épineux sont venus en dernière partie, le temps que les langues se délient, et puis ce n’était pas prévu, on n’a plus le temps, on en parlera la prochaine fois, et le directeur s’en va, et la coordinatrice le suit, et les agents se dispersent à différentes vitesses, et certains restent sur le trottoir, fumant peut-être une cigarette, ou semblant juste attendre, comme ce que j’ai appris à faire. En fait, je l’ai toujours fait mais j’ai appris à mieux le faire. J’arrive toujours avant tout le monde pour voir ce qui se passe juste avant, puis je reste pour écouter, rencontrer, poser aussi une parole. Forcément, avec ce qui venait de se passer, on avait besoin de partager un peu. On fait tous une sorte de bilan, ou plutôt, ce que nous aimerions voir continuer s’exprime, et quelques personnes parlent plus que d’autres, peut-être à cause de la mauvaise conscience qui agit.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share

[AF] – Notre mission est bientôt terminée

Les niveaux fictionnels sont ce qui génère notre fonction créatrice. Ils sont différemment déployés selon les réseaux que nous empruntons. Nous avons conçu un nouvel espace de circulation devenu véritable base arrière de nos intimes préoccupations afin d’alimenter notre système interne. Nous supposions de cela de nombreuses conséquences avec, en ligne de mire, la fin d’un dictat qui, trop longtemps, nous avait gouvernés. Il avait pour cela suffi de former une première entité fondée sur une parfaite égalité. C’étaient comme des secteurs auxquels nous allions laisser toute liberté d’agir. Nous formulons le constat que le mouvement que nous attendions s’est tout simplement inversé. De la loi du plus fort nous sommes passés à la loi du plus nombreux. Tout ce qui a été initié depuis ne nous fait qu’espérer que nous avons pris là une bonne décision. Nous nous doutions qu’il allait y avoir quelques surprises. Des paroles qu’on n’entendait plus ont ressurgi. Des thèmes, aussi, étrangement étouffés par une vision unique de ce qu’aurait été la puissance, se sont développés. Tout cela est dû aux élections qui ont vu leur principe s’adapter. Nous avons aujourd’hui un nouveau mode de fonctionnement, parfaitement opérationnel, entièrement autonome, en grande partie virtuel, car cela, il ne faudra pas l’oublier : ce qui nous importe est l’impact de la virtualité sur la réalité et vice versa. Alors, c’est de cela dont nous devons nous réjouir : la variété des formes d’actions qui se profilent sur tous les plans est en train de gagner du terrain.

Si vous avez manqué le début

Share

[AF] – L’heure a sonné

Pour votre première journée, nous avons un exercice extrêmement formateur. Nous l’avons testé sur des souris et ça marche à tous les coups. Double lecture de notre situation. Deux lieux d’enfermement. Comme deux asiles d’aliénés. Il suffit de décrire ce que vous avez sous les yeux.

Il faisait si beau. Le soleil toute la journée. On était presque en vacances déjà. Comme un souvenir de l’été. Comme un air qui ne quitte pas la fenêtre.

D’abord, on se dit « ah bah oui, c’est pratique ». Il n’y a plus qu’à copier et coller. Tout est disponible, et sincèrement, ça ne coûte pas grand chose. Seulement quelques euros par mois. Et les mois défilent. Et on ne fait que payer bêtement, parce qu’en fait, le format ne convient pas vraiment. C’est toujours la même chose. La machine se met à décider à notre place à partir de quand on aimerait que ça s’arrête, mais au fond de nous, on n’a pas envie que ça s’arrête. On veut que ça ne fasse que durer.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share

[AF] – La maltraitance

Il y a longtemps que je n’étais pas allée à une réunion de service. Certains semblaient presque étonnés de me voir. Il n’y avait pas grand monde. Au fond, je me doutais un peu que les réunions ne concernaient plus que quelques affidés.

Alors, bien sûr, je vous passe les détails d’hygiène : il était en retard, avec, sous le bras, sa collaboratrice attitrée (c’est celle qui s’est autodésignée – Le directeur avait une technique facile, il disait : tant qu’il n’y a personne qui se présente, la place reste vacante et le travail n’est pas fait, alors, au bout de quelques mois, il y avait toujours quelqu’un qui se proposait, et elle, elle était là depuis de nombreuses années). Il nous fait changer de pièce pour avoir plus chaud. Il n’y a que lui qui avait froid.

Il rappelle quelques règles auxquelles il tient absolument. Ne vous adressez pas au DRH directement. Il fait un portrait terrible du gars en question. Ça donne pas envie de lui écrire. Il vaut mieux que tout passe par lui. Je lance tout de même une petite rumeur dans les rangs. Le DRH n’est pas dans la pyramide hiérarchique. Il n’est pas notre supérieur. Il est censé appliquer strictement la loi, et répondre à nos demandes dans la mesure de ses moyens. Les demandes sont individuelles. C’est un droit, que nous avons tous, de s’adresser à lui, et il ne faut pas s’en priver. Certains me répliquent que ça va souvent plus vite quand on passe par le directeur. Oui, quand il a envie. Sinon, ça traîne sur son bureau et vous, vous attendez. D’ailleurs, remarquez ce qu’il vient de dire : certaines requêtes auraient été tout simplement refusées. J’ai demandé à qui, et il n’a pas su répondre. Ce n’est pas parce que c’est un secret d’état, c’est parce que ce n’est pas vrai. Ce type nous balade dès qu’il ouvre la bouche. Il parle de lois très compliquées, de chartes qui circuleraient auxquelles on aurait à se soumettre, d’alinéas dans les contrats d’assurance qui permettent qu’un jour, il refuse ce qu’on lui propose, et l’autre, il nous impose une idée farfelue.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share

[MATP] – J’entre dans le combat par le plus grand des portails

Dès le lendemain matin, le Général Popov se présenta de lui-même dans les bureaux du Grand Nicolas. Il savait, pour avoir lui-même bénéficié de cette mesure d’urgence, ce qu’il était advenu du précédent DGS, et qu’il aurait beau chercher à formuler une excuse à ce qui allait être estimé comme la marque d’une faiblesse inacceptable, il serait remercié sur le champ et bientôt remplacé s’il n’apportait pas lui-même la formulation qui le sauverait. Il avait eu toute une nuit pour réfléchir au moyen d’échapper au pire, et sa décision était prise. Il allait faire vibrer la fibre émotionnelle, pleurant de ne se sentir être qu’un déraciné qui aurait espéré retrouver les paysages de son pays dans la grandeur de sa fonction. Il se l’était avoué sans honte : sur l’aspect fondamental qu’il était censé manipuler, il avait échoué, mais il ne serait pas encore celui qu’on allait sacrifier.

Depuis quelques mois qu’il avait été nommé Super Directeur, il avait goûté de près à l’administration que le Grand Nicolas avait développée et dont il était, en quelque sorte, le dernier échelon avant que l’on soit plongé dans la masse salariale informe et revendicative. Il avait appris qu’en ne s’opposant à rien de ce qui était proposé, il était plus simple, ensuite, d’être porteur d’une requête quelconque, surtout si celle-ci ne dépassait pas outrageusement la ligne budgétaire qui lui était allouée. Alors, la plupart du temps, il ne disait rien qui puisse rappeler son existence à ses supérieurs, à part, bien sûr, un salut bien placé avant ou après une réunion de service. Lui qui avait connu des administrations bien plus autoritaires, il avait l’impression d’être dans un club de vacances, même si, — et c’est sans doute ce qui avait permis qu’on lui confiât cette mission —, il avait bien flairé qu’ici, on souhaitait en finir avec ces idées jugées dépassées de toujours vouloir tout rendre égalitaire et démocratique. Le Grand Nicolas lui avait clairement dit qu’il attendait d’un chef de service qu’il ne se laisse pas faire et qu’il sache imposer une vision nouvelle de l’administration comme étant la seule à décider, et, de fait, la seule à régner. Le Général Popov s’était donc aisément saisi de l’opportunité de se placer bien au-dessus de ses compétences, pensant qu’il viendrait vite à bout des graines de révolutionnaires qui partout laissaient de mauvaises herbes s’incruster sur le territoire qu’on lui avait confié. Il savait, aussi, qu’il saurait réagir dès qu’il sentirait que le vent tournerait en sa défaveur. C’était le moment où jamais.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share

[AF] – Une étape importante est en cours d’achèvement

La conviction est allée jusqu’au bout. C’est un nouveau début. On fait comme si on était parti de rien, ou comme si on n’avait plus rien.

C’est arrivé sans que cela s’annonce autrement que par la langueur installée tout autour. La déconnexion désirée est maintenant effective. Tout est bien là, au moment le plus juste.

Les objets continuent d’indiquer les pistes à suivre. Voici un appareil, par exemple, qui ne fonctionne plus, et tous les appareils en arrêt depuis de nombreuses années ressurgissent. Ils font foule, eux aussi. Ils ramènent à l’histoire. Ils offrent une autre dimension à la notion de rupture, tentée à plusieurs reprises, dès le plus jeune âge. Inutile de faire un effort de mémoire. Il suffit de les savoir là, parmi les éléments actifs. De puiser ce que cela génère d’émotions réelles. De ce qui était supposé disparu. Abandonné. De ce qui, de fait, ne l’a jamais vraiment été. C’est un regard qui se pose. Un regard chargé de l’expérience traversée. Une écoute nourrie de tant de paroles circulant dans le corps.

Alors, c’est l’invention, seule, qui trouve une solution. Un univers parallèle. Un lieu où tout ne fera qu’aller de mieux en mieux, puisque l’échec n’est plus possible, que cette notion a été assimilée au profit d’une autre. Tentative. Essai. Ça n’aurait pas réussi, selon ce qui avait été fixé comme objectif, mais ce qui a précédé, les efforts, les prises de décision, ont agi là où il était possible que cela agisse, tout simplement, recadrant parfois, remobilisant d’autres fois. Un sommet de montagne était attendu. C’est la mer qui se présente. Et l’adaptation est plus aisée dans ce nouvel élément. La force est alors de se dire qu’au sommet de la montagne ne se serait trouvée qu’une forme de souffrance, à trop vouloir lutter. Aussi, ne même pas se demander quand il aurait fallu bifurquer. Il fallait cette tentative. Il fallait cette direction. Il fallait s’imaginer qu’il serait possible d’inclure un grand nombre de connaissances dans une sphère rapprochée. Il fallait reconstituer les visages de celles et ceux à qui les messages s’adressaient. Il fallait, au fond, se produire dans l’inconçu.

Lire l’épisode en entier

Si vous avez manqué le début

Share